Le terme de sexisme ordinaire est apparu récemment dans les luttes féministes. Le sexisme est définie comme une attitude discriminatoire fondée sur le genre. Lorsque l’on parle de sexisme ordinaire on entend une banalisation ou une normalisation de la discrimination fondée sur les stéréotypes de genre.

Pour en parler nous avons interrogé trois femmes de notre entourage. Connaissent-elles et ressentent-elles ce sexisme ordinaire ? Est-il quotidien ?

Nous avons interrogé Camille, lycéenne de 16 ans, Isabelle serveuse de 29 ans et Valentine étudiante de 20 ans. (Les prénoms ont été changés)

Connais-tu le sexisme ordinaire ? Qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

Valentine : « Je connais ce terme depuis peu, je l’ai découvert sur Instagram grâce aux différents comptes féministes que je suis. Je le comprends et j’ai du coup réalisé toutes les expériences que j’ai eu face à ce sexisme ordinaire que je ne réalisais même pas avant. Pour moi, le sexisme ordinaire englobe toutes les remarques, idées préconçues et « blagues » sexistes que auxquelles on peut faire face en tant que femme. »

Camille : « Je ne connais pas le terme mais je suppose qu’il représente un sexisme banal qui n’est même pas considéré par la plupart comme du sexisme. Je pense que c’est quelque chose que toute femme ressent dans sa vie de tous les jours. »

Isabelle : « J’entends de plus en plus ce terme dans mon groupe de copines, je ne me renseigne pas tellement sur le féminisme mais après explication du terme je me suis rendu compte que c’était super d’avoir mis un mot sur ces « piques » que l’on peut recevoir au quotidien. »

As-tu déjà entendu parler du « mansplanning » ou du « manspreading » ? En as-tu déjà fais l’expérience ?

Camille : « Oui j’ai vu pas mal de campagnes féministes passer sur les réseaux sociaux expliquant ces termes. Le manspreading je pense que tout le monde l’a déjà remarqué dans les transports en commun ou encore au restaurant, les hommes prennent toujours plus de places et ne s’en rendent souvent même pas compte. Le mansplanning est quelque chose que je vis mais qui peut être lié au fait que je sois jeune et qu’il y a beaucoup de choses que je ne sais pas, c’est ce qui fait que ça ne me dérange pas tellement. »

Isabelle : « Encore une fois ce sont mes amies qui m’ont expliqué ces termes ! Au restaurant où je travaille je vis beaucoup ce genre de choses où des hommes se sentent en position de m’expliquer les vins que je leur sers comme si forcément c’était un domaine que je ne suis pas sensé connaître aussi bien qu’eux. Au niveau du manspreading c’est surtout dans la posture des hommes qui ne sont pas du tout mal à l’aise avec le fait de s’étaler sur les banquettes autant leurs jambes que leurs bras derrières leurs amis. »

Valentine : « Oui je connais ces termes et je me rends compte que je l’ai pas mal vécu aussi, surtout du mansplanning de la part d’amis de mes parents. Je suis étudiante en économie et dès que des débats politique arrivent sur la table ça me fait limite rire comment les hommes adultes se sentent plus légitime de donner leur avis que d’écouter le mien parce que je suis « une petite jeune ». Finalement j’ai souvent plus de connaissances qu’eux sur le sujet mais c’est trop difficile pour eux de l’admettre ou de l’écouter. »

Le sexisme ordinaire c’est quelque chose qui te pèse au quotidien ?

Isabelle : « Vu le milieu dans lequel je travaille oui c’est quelque chose que je vis tous les jours et qui peut vite m’énerver maintenant que je m’en rends compte et que je le comprends mieux. Beaucoup de clients me font des remarques déplacées au sujet de mon physique, souvent des hommes de l’âge de mon père. Mes collègues aussi ont pu tenir des propos qui m’ont dérangés « je vais aller ranger la terrasse, les tables sont trop lourdes pour toi » par exemple, alors que je suis complètement capable de le faire. Ce sont des choses qui peuvent en plus passer pour de la « gentillesse » aux yeux de beaucoup alors que c’est assez rabaissant quand on est le sujet de ces remarques. »

Valentine : « C’est quelque chose que je ressens tous les jours : les regards et remarques dans la rue, les blagues déplacées sur la vie sexuelle des femmes ou leurs vêtements venant mes potes en soirée, les adultes qui sont comme choqués parce que j’étudie l’économie et que « c’est pas un milieu très féminin ». Je dirai que ça pouvait me blesser et me peser avant mais plus je grandis et plus je réagis parce que je suis en colère et que je ne supporte plus ce genre de comportement. »

Camille : « Ce qui me pèse le plus au quotidien c’est les regards dans la rue, les remarques d’hommes alors que je suis mineure, en vérité ça peut vite m’effrayer. Au lycée je le vis aussi, les garçons peuvent avoir des propos violents sur les filles, j’espère et je crois vraiment que c’est juste une période et que ça changera en vieillissant au moins pour ma génération. J’ai plusieurs amis qui sont super au courant de tout ça et qui y font très attention. »

Tu penses que c’est quelque chose qui est vécu seulement par les femmes ?

Toutes les trois ont répondu des choses très similaires. Selon elles certains hommes peuvent vivre ce sexisme ordinaire aussi : les hommes qui « sortent des cases ». Les hommes qui ne correspondent pas au profil de l’homme hyper masculin, fort et insensible que l’on peut voir partout dans les représentations. Néanmoins, toutes pensent que ce sont encore une fois les hommes envers ceux-ci qui peuvent avoir le plus de remarques violentes ou déplacés. Valentine pensent que pour eux ce sexisme devient rapidement beaucoup plus violent que celui que les femmes peuvent ressentir.

Selon toi les choses vont changer et ce sexisme va disparaître ?

Valentine : « Avec ma génération j’espère que les choses évolue un petit peu, les hommes de mon âge pour la plupart font plus attention. Ils peuvent avoir encore des propos déplacés et que je trouve sexiste mais je pense que ce n’est pas toujours conscient. Beaucoup ont grandis en entendant et en voyant cette construction, le déconstruire peut prendre du temps et surtout suppose qu’on s’y intéresse et qu’on se renseigne sur le sujet. Je pense que si on éduque tôt à tout ça, les choses pourront changer très rapidement. »

Isabelle : « Je l’espère, honnêtement je pense qu’il y en aura toujours. Le mieux serait qu’il devienne minoritaire et que les hommes commencent même à se corriger entres eux. »

Camille : « Je pense que ma génération et la suivante tout ça se sera déjà beaucoup apaisé. Je pense aussi que quand tous les jeunes auront des enfants, l’éducation sera différente de celle de nos parents et peut-être que ce sexisme ordinaire pourra disparaître. »

Où trouver de l’éducation sur le sujet :

De nombreux comptes sur les réseaux sociaux déconstruisent le sexisme et démontrent des comportements déplacés.

paye_ton_mansplaining, le compte partage des témoignages de mansplaining

osez_le_feminisme est un compte d’une association féministe qui partage des articles sur l’actualité des femmes

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