T’as une petite heure pour moi demoiselle ?

Une jeune fille, dans un quartier parisien, attendant son ami sur un trottoir autour de restaurants et de bars, se fait accosté. En tant que femme, se faire accoster est devenu habituel, mais de cette façon ? Cela ne lui était encore jamais arrivé. Cet homme, dans sa voiture, abaissa sa fenêtre tout en ralentissant la cadence de sa voiture et a demandé à cette jeune fille si elle avait une petite heure à lui consacrer. Au vu de son regard insistant et de sa phrase assez déroutante, elle a vite compris qu’il la prenait pour une prostitué. 

On entend pas souvent ce type d’histoire, mais il faut en parler. La prostitution est devenue un phénomène bien trop banalisé pour certains hommes, et femmes. Au point de prendre des filles stationnée simplement sur un trottoir pour des prostituées. Cependant, c’est un réel fléau qui règne dans nos sociétés. 

Aujourd’hui, le Blog Féministoire décide de mettre en avant la prostitution sur mineur très évoluante depuis quelques années en France. 

Des chiffres qui choquent…

Pour remettre dans le contexte, la prostitution représente le fait d’offrir tout type de contact sexuel pour en retirer une rémunération, qui d’ailleurs ne prend pas forcément la forme d’un versement d’argent. En effet, on peut également se prostituer contre un bien, emploi ou autre. La prostitution est légalement un aspect très compliqué. Depuis 2016, la prostitution est considéré comme une violence. Une prostituée est considérée comme une victime et non pas comme une coupable. Ainsi, désormais c’est le client et toute personne incitant à la prostitution qui est puni. 

L’association Centre de victimologie pour Mineurs (CVM) s’est rendu compte de l’ampleur de la situation et a décidé de réaliser une « recherche-action » chiffrée, afin d’appuyer les faits. 

Ce qui en est ressorti est assez choquant, ce sont des chiffres dont on est loin de s’imaginer l’existence. Pourtant, ces chiffres sont bien réels : en France, on compte entre 7 000 et 10 000 mineurs qui se livrent à la prostitution.  

88 % des victimes de prostitution de mineurs sont des filles âgées entre 14 et 17 ans. Ces jeunes filles proviennent de tous milieux sociaux, géographiques et d’origine. Les proxénètes, eux, ont majoritairement entre 18 à 24 ans et sont pour la plupart déjà connus des services juridiques pour fraudes, vol, viol. 

De plus, les affaires de prostitution sur mineur ont augmenté de 68% depuis 2016. Les  causes ? Le développement des réseaux sociaux où le démarchage est plus simple à l’échelle numérique que dans les endroits ruraux et publics. Des sites créent pour diffuser des annonces de prostitution. La vulnérabilité et l’innocence de ces jeunes filles donne le pouvoir aux proxénètes et aux gérants de ces réseaux de prostitution. C’est un réel cercle vicieux dans lequel elles tombent une fois entrée dans le réseau. Attirées par l’argent et par une forme de reconnaissance, ces jeunes filles sont généralement mal entourées et se font influencées rapidement. D’après l’étude du CVM, sept mineurs sur dix déclarent s’être prostituées pour de l’argent. Notons que la plupart d’entre elle ne reçoit souvent jamais la rémunération promis. On leur fait croire que c’est la facilité, pour au final les influencer dans un engrenage. 

On parle d’engrenage car c’est souvent difficile d’en sortir. Les contraintes se voient par des violences physiques et sexuelles, des menaces vis-à-vis de la famille de la prostituée, des chantages de contenus à caractère sexuels sur l’espace public numérique. 

Une sensibilisation incontournable…

Pour commencer, il faut rappeler qu’un numéro de secours existe pour les enfants en danger. Que vous soyez le parent de cette jeune fille victime de prostitution, que vous soyez son ami, que vous soyez simplement cette personne, le numéro de téléphone 119 est disponible pour vous aider et vous accompagner pour sortir de ces réseaux malsains et dangereux. Ce numéro existe depuis 1997 et est désormais accessible via une messagerie de type chat pour communiquer avec des professionnels. 

Retrouvez la vidéo de campagne en intégralité via ce lien : https://youtu.be/0-QZUn8XnWs?list=PLfP9K0P3LEedBIcj-8UCMJZFMaoOk7mKW

Suite aux actions de recherches menées par l’association CVM, le gouvernement français a décidé de prendre la parole lors d’une campagne de sensibilisation qui communique sur les dangers vis à vis des mineurs victimes de prostitution en France. C’est une vaste campagne de sensibilisation intitulée « Je gère » qui se déploie pour « alerter et prévenir le grand public sur la réalité et les dangers » de cette prostitution, précise le ministère de la Santé. Ce spot vidéo est diffusé en TV sur les chaînes historiques et numériques,  ainsi qu’au cinéma et en digital tels que les plateformes de replay. La vidéo est également relayée sur les comptes officiels des réseaux sociaux du Ministère de la Santé et de la Solidarité.

En effet, suite aux chiffres impactant qu’ont sorti l’association CVM, la prostitution sur mineur est un sujet que l’état ne peut plus ignorer. Depuis 2021, l’Etat décide de mettre des actions en place pour limiter ce phénomène en ouvrant les yeux à la société et aux victimes, pour devenir plus vigilant et ainsi protéger les victimes en accélérant les procédures.  

En parallèle des procédures de l’Etat, il y a de nombreuses associations qui aident les prostituées à s’en sortir si elles le souhaitent. Une des plus connues est l’Amicale du Nid, cette association propose un accompagnement aux prostituées et une aide à leur insertion dans la société après ce qu’elles ont vécu dans ces réseaux pour la plupart très sombres. 

En 2018, l’amicale du nid avait lancé un projet avec un site internet et des affiches de sensibilisation. « Je ne suis pas à vendre »  pour sensibiliser à la prostitution.

Pour aller un peu plus loin … 

On parle de prostitution, mais un phénomène similaire qui se développe également est le fait d’être ou d’avoir un « SugarDaddy ». Et maintenant, on parle même de #sugarbaby, signifiant qu’une femme vend ses services, dont sexuels, à des hommes plus âgés. Pour Fabienne El-Khoury, porte-parole de l’association abolitioniste Osez, ces termes correspondent à de la prostitution déguisée. 

En effet, pendant que l’état et les associations sensibilisent les citoyens à la prostitution de majeur mais ici plus spécifiquement de mineurs, sur TikTok, la sensibilisation n’est pas à son apogée.

Tiktok, le réseau social phare des jeunes en ce moment, rassemble plus d’1,2 milliard de vu sur le #sugarbaby par ses utilisateurs. Toutes les vidéos correspondant à ce hashtag font l’éloge de ce phénomène, de part l’argent, le luxe, la fame que ça apporte alors que derrière ceci se trouvent de nombreuses relations sexuelles tarifées dont on ne sait pas toujours l’existence. 

Vous retrouverez une de ces vidéos sur le lien qui suit https://www.tiktok.com/@sugarbabesdxb/video/6944365579461594373

Espérons que ce phénomène ne prenne pas autant d’ampleur que les réseaux de prostitution de mineurs et que la plateforme TikTok puisse trouver un moyen d’abolir la diffusion de ce type de vidéos. 

Merci pour votre lecture,

J’espère que le sujet vous a intéressé ! 🙂

Sources :

Les visages de la prostitution en France – Le Pointhttps://www.lepoint.fr › Société 

Explosion de la prostitution des mineurs en France : les …https://www.ladepeche.fr › France – Monde › Société 

https://www.rtl.fr/actu/sciences-tech/tiktok-que-sont-les-sugar-babies-et-pourquoi-est-ce-un-danger-pour-les-jeunes-7900130088

https://www.leprogres.fr/societe/2022/03/01/prostitution-des-mineurs-face-aux-chiffres-alarmants-une-campagne-de-sensibilisation-lancee

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.