Tu m’envoies un message quand t’es arrivée chez toi
Devenue un rituel pour de nombreuses copines, cette phrase en dit long sur l’insécurité qui règne dans nos vies. Pourtant, rentrer chez soi après une journée de travail ou de cours paraît plutôt simple. Malheureusement, de nos jours en tant que femme, ce n’est pas vraiment le cas, c’est souvent la crainte du danger qui prend le dessus. Les transports en commun sont parfois le meilleur moyen pour se retrouver dans des situations angoissantes et choquantes. Émilie, 19 ans, nous raconte l’agression sexuelle qu’elle a vécu étant plus jeune dans une rame de tramway à Strasbourg.
Le jour de l’événement, Émilie a 15 ans, elle étudie dans un lycée au centre ville de Strasbourg. Comme tous les soirs, après les cours, elle rentre en tram à son domicile. Le trajet quotidien, aux alentours de 18h30, n’est pas toujours agréable car la foule liée aux heures de pointes se fait grandement ressentir. « Mais ce jour là, il y avait encore plus de monde que d’habitude, j’étais compressée contre la barre, pour se tenir, située au milieu du wagon ».
Arrive un moment où un homme d’une cinquantaine d’année monte et souhaite comme Émilie, se tenir à la barre. La place étant restreinte, cet homme décide de se mettre derrière elle tout en se tenant à cette barre. « J’étais alors coincée entre cet homme et la barre, c’était de plus en plus angoissant » nous confie Émilie. Ainsi, elle a pris conscience qu’il n’était pas que là pour se tenir : « J’ai commencé à sentir sa partie génitale collée à mon corps, plus particulièrement à mes fesses. Je me suis retournée, il me regardait avec insistance ».
La signification d’une agression sexuelle (Crédit : Instagram @cestlavie_tv)
Le monde ne permettait pas à Émilie de s’écarter, ni de se faire aider par d’autres personnes puisque ce qui se passait n’était pas exposé à la vue de tous. De longues minutes insupportables ont passé avant qu’Émilie réussisse à sortir du tram. « Je suis sortie un arrêt avant le mien, j’ai vite marché jusqu’à chez moi en pleurant, sous le choc et le dégout de cet homme ».
D’après la Fédération Nationale d’Association d’Usagers des Transports (FNAUT), neuf femmes sur dix ont déjà été victimes d’harcèlement dans les transports en commun. Concernant le dépôt de plainte, Émilie fait partie des 98% de ces femmes harcelées qui ne portent pas plainte dans ce type de situation. Nous sommes face à une réalité déplorable qui est malheureusement due à une répétition bien trop fréquente de ces actes, qui en deviennent presque habituels.
Si les agressions et autre formes d’harcèlements sexuels dans les transports en commun ne cessent de se répandre, les campagnes de prévention face à ces causes, elles, ne cessent de se développer.
Pour commencer, la Fondation des Femmes et l’Oréal Paris ont lancé en 2020 un programme nommé Stand Up avec la participation de la SNCF, la RATP, et la région Ile-de-France. Ce projet consiste à sensibiliser et former toute personne à réagir au harcèlement sexuel, par le biais de stands implantés dans différents lieux publics comme dans les gares.
Également, de nombreuses associations sont présentes sur les réseaux sociaux afin de sensibiliser les internautes à propos des agressions sexuelles dans les lieux publics. Grâce à un post Instagram, le compte @disbonjoursalepute met en évidence la nécessité des témoins à agir face à une telle situation avec la « méthode des 5 D » qui revient à distraire, documenter, diriger, déléguer et dialoguer avec la victime. Ce contenu est plutôt différent des autres posts que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux puisque habituellement, ce sont davantage les victimes dont on parle.
Merci pour votre lecture 💜
Maude Voltz
Nos sources :
https://www.fnaut.fr/uploads/2017/09/db170908hstr.pdf
https://www.ratp.fr/sites/default/files/inline-files/2020DP_femmes-V6.pdf