Il ne s’est pas fait des films tout seul.
Cette phrase, la plupart des filles ayant subi une agression sexuelle l’ont déjà entendue. Peu importe le type d’agression, on cherche leur part de responsabilité. L’entourage est le premier à remettre en question la parole de ces femmes, alors la plupart ne veut pas porter plainte. Suzie (le nom a été modifié), 20 ans, a accepté de partager son agression sexuelle traumatisante.
(Crédit : muselles.org)
Le jour de l’évènement, Suzie, 18 ans, se rend à l’anniversaire d’une amie. Il y a ses amis de longues dates. Parmi eux, Tom, un garçon avec qui elle s’entend très bien, « mais ce soir là, il voulait plus ».
À partir de ce moment, le drame de Suzie commence et il n’est pas prêt de se finir : « Depuis ce jour, je suis dans le déni. ».
« […] Il a commencé par me toucher les fesses sur la pistes de danse, puis à m’emmener et m’enfermer dans la chambre pour me pousser sur le lit et me prendre par le cou. Je lui ai dit d’arrêter mais il m’a répondu « arrête de faire genre je sais que tu en as envie ». L’une de ses deux mains me serrait le cou, l’autre descendait jusqu’à mon entre-jambe tout en m’embrassant. »
Suzie nous confie que malgré son caractère fort, elle n’a pas réussir à réagir. « Je ne peux pas lutter. Je me souviens me voir quitter mon corps, subir ce viol. »
Tom est allé jusqu’à vouloir la toucher sous son pantalon, Suzie a fini par le pousser et a couru pour sortir de cette pièce. Mais elle se rend compte qu’il avait fermé la porte à clef et caché la clef.
Ce n’est que le début du cauchemar pour Suzie. La jeune fille finit par sortir de la pièce, et raconte son traumatisme à son ami le plus proche. Au lieu de la rassurer, il cherche une explication justifiant le comportement de Tom : « Mais tu l’as pas un peu chauffé? Tu ne l’as pas provoqué? Il ne s’est pas fait des films tout seul quand même ».
(Crédit : Instagram @noustoutes.org)
Suzie prend alors conscience qu’il ne sera jamais jugé pour ses actes. « C’est cela qui m’a fait le plus mal dans cette histoire. On venait de me traiter de menteuse. […] C’est encore très dur de penser à quel point ma parole n’a pas été respectée. […] J’ai cru pendant longtemps que c’était de ma faute. »
Suzie n’a jamais porté plainte, comme beaucoup de femmes. Selon l’Observatoire National de La Délinquance (ONDRP), seulement 13% des personnes victimes de viol portent plainte. Sur ces 13%, dans 66% des cas, on les culpabilise.
Beaucoup de femmes et associations se battent contre l’injustice que subissent les victimes de viols. Le collectif Collage Féminicides se bat depuis des années contre les comportements de la police face aux femmes violées. Elles essayent de changer les choses en communiquant sur le sujet à travers des collages dans les rues, ou encore au moyen de marches contre l’inaction du gouvernement.
(Crédit : Instagram @collages_feminicides_paris)
La féministe Anna Toumazoff a lancé en Septembre 2021 le #DoublePeine sur les réseaux sociaux, afin de dénoncer la prise en charge traumatisante que les victimes ont connue de la part des forces de l’ordre. Au regard du nombre inconsidérable de témoignages, le collectif NousToutes a lancé un site internet pour rassembler ces récits.
(Crédit : Instagram @noustoutes.org)
De nombreuses associations communiquent fortement sur les réseaux sociaux afin de dénoncer l’injustice de la police envers les victimes.
« J’aimerais que chacune d’entre vous se rende compte de l’impact psychologique que cela provoque. Tu dois être forte et réussir à en parler. Sache que ce ne sera jamais de ta faute. Avance en condamnant ceux qui ont voulu te détruire. » – Suzie
Faites attention à vous❤️
Jade Guellil
Nos sources :
https://www.grazia.fr/news-et-societe/news/seulement-13-des-victimes-de-viol-portent-plainte-843894
https://www.instagram.com/noustoutesorg/?hl=fr
https://www.instagram.com/collages_feminicides_paris/?hl=fr
https://www.franceinter.fr/emissions/pas-son-genre/pas-son-genre-25-mars-2021